Naissance de l’arabe « classique »
Avant la naissance de l’islam au VIIe siècle, la langue qui deviendra plus tard l’arabe « classique » sert de langue commune dans la poésie entre les tribus de la péninsule arabique, dont la langue maternelle était composée de différents parlers. Progressivement, la prose, les traités de grammaire et le Coran deviennent des références pour la grammaire arabe. Cette langue « classique » normalisée est diffusée lors des conquêtes musulmanes. Elle sera simplifiée et affranchie de son aspect religieux au XIXe siècle, moment de la Nahda, « la Renaissance arabe ». Appelée arabe « standard », « moderne », « littéral », en arabe fossha.
Cette version est la langue officielle de 25 pays, dont 22 constituant la Ligue arabe. Elle est ainsi parlée dans les pays d’Afrique du Nord, la Mauritanie, le Soudan, la Somalie, le Moyen-Orient, les pays du Golfe et le Yémen.
La langue arabe et ses formes régionales
Utilisée à l’écrit et à l’oral dans les contextes formels et chaînes d’information, cette langue est apprise à l’école. En plus du fossha, une forme dite dialectale est utilisée dans la vie quotidienne et comme langue maternelle : elle est connue sous le nom de darija au Maghreb et ’ammiyya au Moyen-Orient.
Les arabes standard et dialectal peuvent être mélangés et les formes différer grandement d’une région à l’autre. Au-delà de l’arabe « classique », il y a donc de multiples formes d’arabe, et l’arabe peut être utilisé comme seconde langue véhiculaire : il n’y a pas nécessairement d’intercompréhension entre plusieurs formes régionales, ce que les politiques de traduction ne prennent pas probablement assez en considération.
Sur les terrains de la migration de l’ANR Liminal (camps, campements, centres d’hébergement pour demandeurs d’asile des zones frontières et de la région parisienne) se déploient plusieurs de ces formes régionales, en particulier l’arabe soudanais, syrien, marocain et tunisien respectivement parlé par les primo-arrivants des pays ou régions concernées. D’autres arabes ont été entendus, à l’exemple de l’arabe égyptien. En fonction des espaces et des moments migratoires, certaines formes dialectales d’arabe deviennent majoritaires, voire dominantes, ce qui influence les stratégies de langage et interactions langagières entre locuteurs. Certains usages et parlers sont alors privilégiés (par exemple l’arabe égyptien) et font office de lingua franca.
La langue arabe a pour code ISO 639-1, son abréviation est AR, AR-SD pour l’arabe soudanais, AR-SY pour l’arabe syrien et AR-MA pour l’arabe marocain.
Dans le MIGRalect et le lexique arabe
Chaque terme en arabe entendu sur les terrains et restitué tient compte des prononciations qui peuvent modifier le sens, du contexte (dans les exemples), de la signification dans le dialecte en question et dans les autres dialectes arabes (dans les commentaires). Ce travail avec des acteurs et locuteurs arabophones dont des exilés maghrébins, syriens fuyant la guerre depuis 2011, soudanais échappant la répression de l’ex dictateur Omar El Bashir ou les exactions dans le Darfour, et plus générales des discriminations socio-économiques, raciales, religieuses ou climatiques, souligne à la fois le parcours individuel de chaque exilé et la nécessité de définir précisément l’usage des termes.
Le migralecte, parler en constante évolution emprunte aux formes régionales ou argotiques des langues arabes (voir ’abbas, shiyou’iyin...), de même qu’à d’autres langues, et circule au-delà des frontières tangibles et statutaires (exilés, associatifs, militants).
Équipe
Coordinatrices : Hayatte Lakraâ et Hala Trefi Ghannam
Contributeurs : Mhmoud Adimou, Abdul Razaq Aljumma, Nisrine Al Zahre, Basil Bushra Hassan, Pauline Doyen, Hamad Gamal, Hayatte Lakraâ, Laurence Lécuyer, Naoual Mahroug, Wigdan Mekki, Ali Mohamed, Zeinab Mohammed, Mustafa Mohieddin Abdallah, Hala Trefi Ghannam, Cherif Yakoubi, Omar Zeroual.