Lexique MIGRalect

Adaptations langagières

Des adaptations langagières tout au long du parcours migratoire

Le projet MIGRalect.org s’intéresse aux évolutions et adaptations langagières tout au long du parcours migratoire (pays de départ, de transit, d’arrivée) et aux parlers tels qu’ils se recueillent en France. Les langues du pays d’origine sont enrichies par des langues des pays de transit et du pays de destination, en l’occurrence la France. Les parlers en migration témoignent de champs lexicaux spécifiques dans le langage oral, caractérisé par le multilinguisme et les emprunts multiples aux langues de contact lors de la migration.

Pays d’origine et pays de départ

Il peut être utile de distinguer le pays d’origine et le pays de départ. Par exemple, de nombreux Afghans de langue maternelle dari/persan ou pashto (ou autres) ont migré vers les pays frontières (Iran ou Pakistan) et parlent quotidiennement des langues locales de ces pays de résidence : farsi/persan iranien, ourdou du Pakistan (par exemple). Leur langue maternelle emprunte des termes et des accents de ces langues : le pashto d’un Afghan vivant au Pakistan sur les zones frontalières est différent, dans son parler, d’un pashto du centre de l’Afghanistan.

Pays de transit ou d’installation provisoire

Par ailleurs, les pays de transit, en principe seulement « traversés », peuvent être des lieux de halte longue (jusqu’à plusieurs années) ou de rétention (par exemple la Libye). Au contraire, un pays de destination peut finalement n’être qu’un lieu de transit si le migrant n’a pas pu s’y établir.
Ces parcours liés aux politiques migratoires ont des conséquences sur les langues : de nombreux Afghans qui pensaient pouvoir s’établir en Allemagne y ont appris l’allemand le temps de leur demande d’asile, bénéficiant du système officiel d’apprentissage de la langue nationale. Si, au bout de quelques années, ils reprennent leur parcours migratoire et demandent l’asile en France, l’allemand qu’ils ont appris rencontre une autre langue européenne, le français. Ce français qu’ils vont parler après quelques mois contiendra une partie de leur expérience langagière pendant leur migration, présentera dans certains mots de vocabulaire des emprunts à l’allemand.